Avez-vous déjà entendu parler du Masuk Angin ? Savez-vous exactement ce que c’est ? Cet article vous aidera à comprendre ce phénomène, et vous réaliserez qu’il ne s’agit pas d’une simple légende urbaine.
Saviez-vous que les Indonésiens ont un peu peur du vent ?
Oui… Non ? Eh bien oui. La raison derrière cette peur vient d’une maladie locale particulière. Elle semble apparaître lorsque le vent ou le froid vous rend malade. On parle ici du Masuk Angin, un terme qui signifie littéralement « le vent entre », et c’est réellement quelque chose que les habitants redoutent, tout comme les Occidentaux craignent d’attraper un rhume.
Le Masuk Angin peut être considéré comme un rhume en raison de ses symptômes, mais ce n’en est pas vraiment un. Pendant des années, je me suis considéré comme en bonne santé, sans jamais consulter de médecin. Chaque fois que je me sentais un peu mal, je mettais cela sur le compte du Masuk Angin, car il y avait toujours une solution simple : le kerokan ou le Tolak Angin.
Le Masuk Angin est déroutant car il semble être un mélange de plusieurs éléments : cela ressemble à un rhume ou aux premiers signes d’une grippe. On peut aussi se sentir fatigué, nauséeux, avoir des crampes, des maux de tête ou des troubles digestifs. En somme, c’est un peu de tout, mais jamais trop grave. Et le vent est toujours le coupable.
Les touristes à Bali trouvent souvent ce sujet amusant, car ils ont du mal à comprendre le concept d’un « vent » qui rend malade. J’ai donc décidé de consulter un médecin pour éclaircir cette confusion autour du Masuk Angin.
Le docteur Andi Khomeini Takdir Haruni, de l’Association des Médecins Indonésiens, a expliqué que les symptômes du Masuk Angin varient à chaque fois. Il a aussi précisé que les habitants attribuent souvent de petits maux – comme la fièvre, les douleurs articulaires ou une sensation de malaise – au Masuk Angin.
Jusqu’ici, on peut comprendre le Masuk Angin comme un ensemble de symptômes variés qui indiquent une seule et même maladie.
Mais alors, pourquoi les autres pays n’ont-ils pas le Masuk Angin ou une version similaire ?
Cela nous amène à nous demander si cela est lié au climat tropical de l’Indonésie, où le temps reste plus ou moins constant toute l’année avec des pluies fréquentes.
Oui, le Masuk Angin est lié au climat, mais pas de la manière à laquelle on pourrait s’attendre. Cette « maladie » existe aussi dans d’autres régions d’Asie de l’Est sous d’autres noms.
Melani Budianta, professeure en études culturelles à l’Université d’Indonésie, l’a expliqué en citant un psychologue américain qu’elle avait rencontré à Yogyakarta :
« Je pense que, culturellement, c’est une connaissance locale qui s’inscrit dans un spectre culturel plus large — une connaissance du vent », m’a-t-elle dit. « Le vent est important en Asie du Sud-Est, c’est pourquoi il sert souvent de métaphore. »
Elle a ajouté : « Le Masuk Angin est généralement décrit comme étant lié à l’équilibre avec la nature. Le vent reflète la manière dont certaines zones et certains climats interagissent, montrant comment la nature fonctionne. »
Vous rencontrerez souvent le mot angin dans d’autres expressions, comme angin duduk, qui signifie littéralement « vent assis ». L’angin duduk est censé être la cause de morts subites. Beaucoup de gens, moi y compris, pensaient que ces deux formes d’angin étaient liées. Mais si le masuk angin n’est pas une vraie maladie, alors qu’est-ce que l’angin duduk ? En réalité, il s’agit d’un arrêt cardiaque soudain.
Le Dr Andi a précisé que ce que les gens décrivent comme angin duduk est un symptôme, une sensation ressentie avant une crise cardiaque, mais pas la maladie elle-même. Ce n’est pas un terme médical, juste une façon populaire de décrire ce qu’on ressent.
En fin de compte, c’est très simple : en Occident, les gens décrivent la cause de leur malaise – par exemple, ils disent avoir un rhume ou une intoxication alimentaire. En Indonésie, on décrit plutôt le ressenti que la cause. Et c’est souvent pareil dans une grande partie de l’Asie de l’Est. Alors, comment appelle-t-on un rhume sous les tropiques ?
Crédit : Arzia Tivany Wargadiredja